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ronnent cette colline, et les rues sont en pente. Ce qui fait que, quelque laides qu’elles soient d’ailleurs, les maisons ont au moins de l’air.

Je cherche à me rendre savant, par bonheur je trouve chez le libraire les Commentaires de César, qui avait placé le trésor de son armée à Nevers, (Noviodunum). César est le seul livre qu’il faille prendre en voyageant en France ; il rafraîchit l’imagination fatiguée et impatientée par les raisonnements biscornus qui vous arrivent de tous les côtés, et qu’il faut écouter avec attention. Sa simplicité si noble fait un contraste parfait avec les politesses contournées dont la province abonde.

Je vais voir la fonderie royale de canons, qui en fait deux cent trente par an : je monte à la bibliothèque de la ville, où j’espérais trouver de grands restes de la domination romaine ; il n’y a rien qui vaille.

L’église de Saint-Étienne me plaît assez ; il faut descendre plusieurs marches pour y entrer. Elle fut fondée en 1063. La mode n’avait pas encore anéanti tous les souvenirs de l’art antique. Cette église est romane, et la nef est large relativement à sa longueur ; ce qui me touche beaucoup et me prouve que je ne possède pas le vrai goût chrétien, plus la nef d’une église est