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homme, les habiles s’imaginent qu’il n’a pas assez d’esprit, même pour jouer ce petit bout de comédie nécessaire.

Hélas ! oui, nécessaire. Vous aimez à avoir la tête soutenue, vous paraissez sur le boulevard avec une cravate trop haute, tout le monde dira que vous êtes insolent. Impossible de déraciner cette vérité. Mais, politiquement parlant, notre liberté n’a pas d’autre garantie que le journal. C’est par le mécanisme que je viens d’indiquer que la liberté tuera peut-être la littérature et les arts. Nous tombons dans le genre grossier, et je vois trois ou quatre causes à cette chute. Nous casserons-nous le cou ?




Nevers, le 14 avril.

Dès huit heures du matin j’arrive à Nevers, qui n’est qu’à six lieues de La Charité ; mais les gens à qui j’ai affaire sont à la campagne, et me voici à peu près dans la même situation qu’hier à La Charité, c’est-à-dire obligé de tuer le temps, tandis que j’ai des affaires importantes à traiter ici et dans les forges des environs. Nevers est bâtie en amphithéâtre sur une colline, au confluent de la Nièvre et de la Loire. La cathédrale et le château cou-