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Par bonheur, l’auberge est excellente, Snog. Mais que faire à La Charité ? Je vais voir le cabinet de M. Grasset, homme instruit, et fort zélé pour la conservation des antiquités du moyen âge. On dit que le nom de La Charité provient de certains moines de Saint-Benoît, qui recevaient chez eux les voyageurs, ce dont je doute fort. Probablement ils recevaient les moines et les pèlerins. L’église de La Charité est immense et fort belle ; elle fut reconstruite par Philippe-Auguste en 1216. Le chœur et la façade sont les seules parties intéressantes. Je viens de passer deux heures à les examiner, et sans songer le moins du monde à mon essieu cassé et à être en colère.

La forme actuelle à cette église est celle d’un crucifix ou croix latine. La nef et les bas côtés ont été restaurés et n’ont plus de caractère ; le chœur et la façade seuls rappellent l’état des arts sous Philippe-Auguste. La plupart des arcs sont en ogive, mais on trouve quelquefois le plein cintre romain : les piliers ronds qui environnent le chœur et le séparent des bas-côtés sont romans c’est tout simple, ils datent de 1056. Ils présentent quelques vestiges de l’élégance de la colonne corinthienne.

Une partie de cet immense édifice a été retranchée ; ainsi, avant d’arriver à la porte actuelle de l’église, on peut