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MÉMOIRES D’UN TOURISTE

péchés de sous-lieutenant ; mais le récit que les jurés ont admis implicitement, en prononçant leur verdict, est absurde et impossible. Dans tous les cas on pouvait solliciter sa grâce ; un exil d’un an aux États-Unis était une peine plus que suffisante. » Ce qu’il y a de piquant dans cette affaire, c’est qu’on voit que le jury, comme tout le monde en France, ne sait pas résister à la mode ; c’est proprement là le péché gaulois[1].

Ce n’est qu’après la jonction de la Mayenne qu’ont cessé tout à fait les craintes d’un nouvel engravement, qui agitaient toujours les dames du bateau. J’ai remarqué sur la rive gauche un village à vingt pas de la Loire qui a au moins une demi-lieue de long. En cet endroit, le fleuve coule tout à fait au pied du rocher qui le contient au midi.

  1. Dans le procès Clément de la Roncière les officiers qui ont déposé contre l’accusé cherchaient à plaire au maréchal Soult et depuis le procès jouissent de la protection du maréchal, entr’autres M. Ambert, je crois. Le fils du maréchal, je crois, est allié à Mlle  de Morell. Mlle  de M. qui avait 60 mille livres de rente a épousé M. d’E., secrétaire d’ambassade qui avait trois enfants naturels d’une femme peintre et pas de fortune. Sa sœur (de M. d’E.) est entretenue par un M. de la G. jeune encore et habite une maison près le Pec ou Saint-Cloud. La bonne de Mlle  de M. vivait avec le père du général et était dans son lit quand M. de la Roncière a passé par sa chambre venant au rendez-vous au lieu d’un autre. M. de la Roncière est le plus plat sujet et ce que nous appelons une harsouille, mais c’est une raison pour ne pas le voir et non pour le mettre dix ans en prison (Dit au ministère of the war le 21 août 1838.) (Note manuscrite de l’exemplaire Primoli.)