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TOURS

s’est-il écrié, comme un homme qui connaît bien ce nom et qui l’aime. La voilà au-dessus de ces grottes creusées dans le rocher.

J’y suis monté aussitôt. Mais au moment de frapper à la porte, la vertu nommée discrétion m’est apparue. Quel plaisir d’avoir sur tout ce qui se passe le mot d’un homme aussi judicieux ! Mais, me suis-je dit, si tous les voyageurs qui l’aiment et l’admirent vont frapper à la porte de la Grenadière, autant aurait valu ne pas quitter Passy. Et j’ai eu la vertu de revenir à la grande route qui descend au pont. La roche tendre contre laquelle elle passe est percée d’une infinité de grottes qui sont habitées par les paysans.

Il était nuit close comme je rentrais à Tours ; je suis allé voir les prétendus restes de la fameuse église de Saint-Martin.

Ce sont deux tours carrées, séparées l’une de l’autre par de petites maisons bien commodes et bien plates. Le manque absolu de physionomie me paraît être le triste défaut de tout ce qu’on rencontre à Tours.

Il y a ici des centaines d’Anglais moins rogues qu’ailleurs. Ils ont trouvé dans les vieux voyages en France que l’on parlait mieux le français à Tours qu’à Paris.