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MÉMOIRES D’UN TOURISTE

brillant François Ier, dans l’espoir de se ménager l’alliance d’un souverain étranger.

Notre diligence a relayé au bord de l’Indre dans le faubourg de Loches, et je n’ai pas eu le temps de monter sur la petite colline que couronne la prison de Louis le Maure. Ce faubourg est une rue très large, formée de maisons neuves. Tous ces faubourgs bâtis depuis quinze ans se ressemblent ; rien de moins pittoresque, mais rien de plus commode, et ils valent beaucoup mieux que leurs villes. Les maisons sont barbouillées d’enseignes dont les lettres ont dix-huit pouces de haut. Trois prêtres en soutane, fort égayés par un bon dîner, sont montés en diligence ; deux ont pris place à mes côtés, et tout aussitôt ont tenu de singuliers propos. La gaieté de ces messieurs me rappelle toujours un peu les contes de Vergier ; la conversation de mes deux compagnons valait bien mieux sans doute que celle de deux gros marchands qui auraient pu m’échoir. Bientôt nous avons été fort bien ensemble. Je leur demandais toujours où était la belle Touraine, ils me répondaient que je verrais les bords de la Loire ; et quand j’ai été aux bords de la Loire et que je me suis plaint des rangées de saules et de peupliers qui en font