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LA CATHÉDRALE

que je lisais hier. Pendant une heure, mon âme n’a plus senti tout ce qui la martyrisait à coups d’épingle depuis mon arrivée à Bourges.

J’éprouve l’impossibilité complète de donner une idée de cette église, que pourtant je n’oublierai jamais. Elle n’a qu’une tour, elle a la forme d’une carte à jouer, elle est divisée en cinq nefs par quatre rangées d’énormes piliers figurant des faisceaux de colonnes grêles et excessivement allongées. Commencée vers 845, elle est pourtant gothique. Les deux magnifiques portails au nord et au midi, dont je ne puis me lasser d’admirer l’architecture, me semblent d’une époque antérieure. Remarquez la porte en bois vers le midi, couverte d’R majuscules.

Voilà tout ce que je puis dire de clair. Tant que le public n’aura pas adopté un petit dictionnaire contenant les noms des cent principales parties d’une église gothique, il sera tout à fait impossible de faire comprendre ce qu’on a vu par de simples paroles ; une gravure est indispensable.

Rien de plus simple que l’architecture des temples grecs ; le compliqué, l’étonnant, le minutieux, font au contraire le mérite principal du gothique.

Tout ce que je puis dire de l’intérieur