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MÉMOIRES D’UN TOURISTE

murs de jardin, tantôt par de mesquines maisons à deux petits étages. Au bout de cinq minutes, je me suis trouvé au pied de la tour carrée de la cathédrale. Vue de près, cette tour ne fait pas un bon effet ; c’est que le contour qui se détache sur le ciel est raboteux. Ce grave inconvénient est produit par des figures de saints qui font saillie et sont protégées par des dais en ogives plaqués contre la tour.

Par bonheur, la porte de la cathédrale était encore ouverte. On est en train de restaurer ce grand portail gothique, et fort bien. (J’ai su le lendemain que ce travail très remarquable est dû[1] à un homme de sens et de talent, qui, depuis quinze ou vingt ans, s’occupe avec passion des réparations à faire à ce grand édifice : M. Julien, architecte de la ville de Bourges.)

Il était presque nuit ; je me suis hâté d’entrer dans l’église, de peur qu’on ne la fermât ; en effet, comme j’entrais, on allumait deux ou trois petites lampes dans ce vide immense. Je l’avoue, j’ai éprouvé une sensation singulière : j’étais chrétien, je pensais comme saint Jérôme

  1. On est en train de restaurer (et fort bien) ce grand portail gothique flanqué de quatre petites portes ; l’église est à cinq nefs, celles des côtés trop basses, la voûte de la grande nef est à 110 pieds du pavé. (J’ai su le lendemain que la restauration du grand portail est due…) (Correction de l’exemplaire Primoli.)