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LA VIE DU MIDI

Je fais librement le conversation avec plusieurs hommes du peuple. Ce qui ailleurs est pour moi une corvée si pénible, cultiver en passant le correspondant de la maison, me manque bien ici.

Cette vie morale du Midi, qui m’entoure depuis quelques heures, me plonge dans une douce quiétude ; elle jette comme un voile à demi transparent sur les trois quarts des petits soucis qui, à Paris, me font songer à eux, et l’absence de ces soucis fait le bonheur parfait. Je ne m’inquiète de rien.

Je jouis de la vie ; en [me] promenant sur les bords du Rhône, je m’arrête sous un saule magnifique.

Rien n’est de plus mauvais goût, je le sais, que d’expliquer la mode de son vivant, c’est presque ne pas la suivre ; mais je ne demande rien à la société de Paris. Bientôt je serais en Amérique, et si l’on me poussait, je donnerais cette explication à ce siècle calculateur : à quoi bon flatter les salons puissants, si je ne leur demande rien ?

Mais n’allez pas trop vous effrayer ; je ne dirai la vérité ou ce qui me semble tel que sur l’art gothique. Voici les idées qui me sont venues en visitant Saint-Apollinaire.

L’ogive est triste, tandis que, je ne sais