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MÉMOIRES D’UN TOURISTE

Ampuis produit peut-être les meilleurs melons du Midi, et ces excellents marrons connus à Paris sous le nom de marrons de Lyon.

Nous apercevons de loin sur la droite un joli pont suspendu qui se dessine au-dessus des arbres ; c’est le quatrième ou cinquième pont en fil de fer que je vois aujourd’hui sur ce Rhône si rapide et si large. L’impétuosité de son cours fait sentir doublement la victoire que l’homme remporte sur la nature.

Je vais voir la Roche taillée ; c’est un roc qu’on a ouvert à pic, du haut en bas, pour le passage d’un chemin insignifiant aujourd’hui. Là se trouvent les ruines du château Saint-Barthélemy.

Pourquoi faut-il que les ponts en fil de fer les plus laids de France soient précisément ceux de Paris ? L’esprit des ingénieurs a-t-il été glacé par la crainte du ridicule que les journaux avaient distribué à pleines mains à un premier pont manqué ?

Je passe, à cinq lieues de Vienne, sur la célèbre rampe de Revantin, qui autrefois arrêtait les grosses charrettes de Provence pendant plusieurs heures.

Vous savez que sous Henri IV, toutes les routes de France n’étaient que des chemins à mulets ; ce prince et Sully son mi-