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PHILOSOPHIE DU CHEMIN DE FER

L’exposition de la difficulté à résoudre ennuie le lecteur, et le commis qui a un intérêt triomphe, et fait signer ce qu’il veut par son ministre.

Je désirerais passionnément que tout ceci ne fût pas exact ; la France serait plus civilisée.

Les épigrammes de la presse ne viendront point stimuler la paresse des gens payés pour s’occuper des chemins de fers ; le sujet est trop ennuyeux à expliquer, et l’esprit amusant des journalistes n’aura jamais la patience d’exposer clairement les diverses friponneries que peut occasionner un chemin de fer. Les gens adroits peuvent donc spéculer en paix sur cet objet important, par exemple créer deux mille actions de cinq mille francs pour un chemin de fer qui peut rendre tout au plus le trois pour cent du prix de construction, faire persuader au public, par les journaux, qu’il va donner le dix pour cent, vendre à sept mille francs toutes les actions créées à cinq mille chacune, et ensuite souhaiter le bonsoir à l’entreprise.

C’est ce qui ne pourrait arriver, si l’on mettait à la tête de tous les chemins de fer une commission de savants qui sachent compter et ne se vendent pas.

Que deviendront les capitaux employés en chemins de fer, si l’on trouve le moyen