Page:Stendhal - Mémoires d’un touriste, I, 1929, éd. Martineau.djvu/326

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
287
VIENNE

tandis qu’ils s’arrachent ceux de Paris. À Magdebourg, on me demandait l’an passé de quelle couleur étaient les cheveux de M. Garnier-Pagès.




Vienne, le 9 juin 1837.

Me voici arrivé à Vienne par une route abominable, toute de montées et de descentes ; deux ou trois fois ma pauvre petite calèche a été sur le point d’être brisée par les énormes charrettes à six chevaux venant de Provence. Et, ce qu’il y a de pis pour un grand cœur, je n’aurais pu me venger ; le moindre signe d’insurrection de ma part m’aurait valu les coups de fouet de deux ou trois charretiers provençaux, les plus grossiers et les moins endurants du monde. Il est vrai que j’ai des pistolets ; mais ces charretiers sont capables de n’en avoir peur qu’après que j’aurais tiré ; et quelle affreuse extrémité !

Je ferai la même remarque que dans le Gâtinais : pourquoi ne pas placer la grande route de Lyon à Vienne sur la rive droite du Rhône où il n’y a pas de montagnes ? elle entrerait à Vienne par le joli pont suspendu sur lequel je viens de me promener. La route pourrait aussi, ce me semble, suivre le bord à gauche.