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et presque mathématique donnent quelque prise à la faculté de comprendre, qui distingue si éminemment le génie français. Il est résulté de là que, deux ou trois ans après avoir affiché un enthousiasme inexprimable pour Beethoven, ce grand compositeur commence réellement à faire quelque plaisir.

Il n’en est pas moins vrai que si les concerts du Conservatoire ou les opéras d’Italie se produisaient dans une vaste salle, où tout le monde pourrait trouver une place commode, bientôt il n’y aurait plus de spectateurs.

Le cas est un peu différent pour la peinture ; la France a produit Lesueur et Prudhon, et parmi nous Eugène Delacroix : l’on n’y est donc pas totalement privé de quelque lueur de goût naturel pour cet art. On y juge les tableaux un peu par soi-même, quand toutefois l’Académie ne leur ferme pas l’entrée du Louvre. Aussi le Jugement dernier de Michel-Ange, tolérablement copié par M. Sigalon, et qu’on a exposé en août 1837, n’a-t-il obtenu aucune espèce de succès. Si le peintre, auteur de la fresque, eût été inconnu, le Jugement eût été sifflé. Rien de plus simple ; le Français aime les petites miniatures bien léchées et spirituelles.

Dans cette même église des Petits-