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de son père, se trouve lancé dans le monde avec l’habitude de ce qu’on appelle les plaisirs et huit cents livres de rente. Voilà ou mène le mariage au dix-neuvième siècle. En France, le paysan seul peut se marier ; sous d’autres noms, il se trouve dans le cas du défricheur américain. Son petit garçon de sept ans gagne déjà quelque chose ; c’est pour cela qu’il ne veut pas qu’on le lui enlève pour lui apprendre à lire.

Mais ces idées sont désolantes.

C’est par une raison semblable que je ne parlerai pas des deux émeutes de 1831 et 1834. Il y eut des erreurs dans l’esprit des Lyonnais, mais ils firent preuve d’une bravoure surhumaine. On m’a prêté par grâce spéciale un manuscrit de deux cents pages d’une petite écriture très fine ; c’est une histoire jour par jour et fort détaillée des deux émeutes. Un jour elle paraîtra ; tout ce qu’il m’est permis d’en dire, c’est qu’elle contredit à peu près tout ce qui a été publié jusqu’ici.

Lorsqu’on se trouve à Lyon avec un homme âgé, il faut le mettre sur le fameux siège de 1793. Si les alliés, ennemis de la France, avaient eu l’ombre du talent militaire, ils pouvaient de Toulon remonter le Rhône, et venir au secours des Lyonnais. Heureusement, à cette époque, les hommes