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ville. Il parle avec enthousiasme de tout ce qu’on y voit. C’est ainsi que l’on vient de me conduire à une merveille, c’est une salle située quai Saint-Clair, et où six cents personnes boivent de la bière ensemble tous les dimanches.

Sur la rive gauche du Rhône, Lyon, avait, en Dauphiné, un petit faubourg qui s’appelle la Guillotière, et qui depuis peu est devenu une ville de vingt-quatre mille habitants. Par malheur, le Rhône tend à quitter Lyon et à se jetter sur la Guillotière. Il est question, depuis vingt ans, de faire une digue formidable, mais, jusqu’ici, l’on n’a pas réussi ; sous la Restauration, les jésuites s’étaient emparés de la direction de cette digue. (Encore les jésuites ! s’écrie un de mes amis qui lit le manuscrit. Il a raison, je suis honteux de ces répétitions.) Ces messieurs étaient arrivés à cette affaire comme dirigeant celles de l’hôpital, qui a des biens sur l’une et l’autre rive du Rhône. Mais la difficulté dépend de la nature, et l’intrigue n’y pouvait rien, la digue est à faire. On raconte des menées curieuses, mais qui prendraient six pages. Au reste, on m’a dit tant de choses contradictoires et singulières sur l’histoire de la digue du Rhône, que j’aime mieux ne rien spécifier.

La Guillotière s’appuie à de grandes for-