Page:Stendhal - Mémoires d’un touriste, I, 1929, éd. Martineau.djvu/294

Cette page n’a pas encore été corrigée

empilés sur le parquet de cette salle. Ils sont adressés au maire de Lyon ; mais par qui et pourquoi ? c’est ce que l’on ignore.

Ma curiosité était vivement excitée. J’ai obtenu de voir ces toiles, et il ne m’a pas été difficile de reconnaître de forts bons tableaux des écoles de Bologne et de Venise. Comment a-t-on pu faire un pareil cadeau à la ville de Lyon ?

De tous ces tableaux, celui qui m’a le plus frappé est une Descente de Croix, que je croirais d’Annibal Carrache.

Le terrible devoir de voyageur m’a conduit à l’exposition que l’on vient d’ouvrir au profit des ouvriers lyonnais. J’y ai revu les admirables Pêcheurs de Léopold Robert ; un magnifique tableau sur porcelaine, de Constantin ; le Passage de la Bérésina, de Charlet. Un de mes voisins n’a pas manqué de s’écrier : Les abbés ne furent jamais favorables à l’empereur. Ce qui a eu beaucoup de succès. Le reste des tableaux m’a semblé encore plus outré, plus loin de la nature, plus emphatique et plus faux que les articles de littérature qui pullulent dans les journaux de province.

Le lendemain de ma visite au musée, j’ai appris que ces tableaux, dont la présence étonnait tout le monde, avaient