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l’harmonie des couleurs, la vérité et la vie de tous les personnages. Les têtes de saint François et de saint Dominique ne manquent pas d’une certaine noblesse de bourgmestre flamand. Il est impossible de voir un tableau plus splendide, plus riche de tons. Il semble avoir été fait à coups de balai ; et cependant les étoffes et les chairs sont admirablement rendues.

Ce matin, par un beau soleil, je passais devant une boucherie très proprement tenue, située en plein midi sur la place de Bellecour, des morceaux de viande bien fraîche étaient étalés sur des linges très blancs.

Les couleurs dominantes étaient le rouge pâle, le jaune et le blanc.

Voilà le ton général d’un tableau de Rubens, ai-je pensé.

13o Un grand nombre de tableaux de l’école dite de Lyon. Il y a trente ans que ces messieurs se sont avisés d’avoir une école. Laurent, Revoil, Bonnefonds, voilà les fondateurs. M. Bonnefonds, actuellement directeur du musée, l’emporte, ce me semble sur ses rivaux. Le style de l’école est dur, sec, froid, sans agrément, et surtout maniéré au possible. M. Revoil nous présente toujours la même figure de femme, qui a toute la grâce empesée d’une lithographie.