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1o Adoration des Mages, par Rubens, tableau capital ; c’est le genre éclatant et plein de verve de la Descente de Croix d’Anvers, inférieur à celui-ci pourtant ; provient du musée Napoléon.

En 1807, 1808 et années suivantes, le musée Napoléon, qui était encombré de tableaux, versa son trop plein dans plusieurs musées de province. En 1815, l’ennemi n’eut pas le temps de recueillir les tableaux qui se trouvaient à cent lieues de Paris. Il était pressé ; il craignait de voir les Français se réveiller de leur sot étourdissement, et former des guérillas. C’est ainsi que plusieurs des tableaux, fruit des victoires de 1796, sont restés dans les départements.

Dans ce Rubens, vigueur, coloris brillant, fougue de composition admirables. C’est un des beaux ouvrages du maître.

2o Adoration des Mages de Paul Véronèse ; beauté des têtes, sérieux du regard sans fâcherie, qu’on ne trouve que chez les peintres italiens. Tableau très bien conservé, et qui plaît à l’œil ; belles couleurs de l’école de Venise ; non fraîcheur quelquefois exagérée de Rubens. Le Flamand donne à une jambe de vieillard le coloris rosé que présente quelquefois le bras d’une jeune fille.