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tout à fait à la campagne, et pourtant au centre de Lyon.

Cette vue du quai Saint-Clair est assurément vaste et imposante. Les trottoirs garnis d’arbres, qui courent le long du Rhône, ont une lieue d’étendue. Pour trouver quelque chose à comparer à ceci, il faut songer à la vue que l’on a des maisons situées, à Bordeaux, sur le quai de la Garonne et dans les environs des allées d’arbres qui ont succédé au château Trompette. Le Rhône est un fleuve trop sauvage pour avoir des bateaux. La Garonne a des vaisseaux arrivant tous les jours de Chine ou d’Amérique avec la marée ; et d’ailleurs, à une lieue par delà la rivière, la vue s’arrête sur une colline admirable et couverte d’arbres, dont plusieurs sont forts grands. Nous avons passé en [nous] promenant devant un petit hôtel situé sur les bords du Rhône, près de la barrière par laquelle on sort pour aller à Genève.

— Ah ! c’est la maison de la pauvre madame Girer de Loche, a dit un de ces messieurs. Curiosité de ma part en remarquant l’air attendu du dîneur qui parlait ; questions : voici la longue réponse :

Madame de Loche était une jeune veuve, riche, jolie, aimable. Elle avait perdu