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L’histoire des établissements religieux en France de 1830 à 1837 serait belle, mais difficile à écrire. Les personnes qui agissent se sentent en présence du grand ennemi de la religion catholique, la publicité, lequel amène après soi cet autre monstre, l’examen personnel. Aucune opération ne laisse de traces. Cette nouvelle Gallia christiana aurait de beaux traits à citer : cet homme du département du Var qui donne sa fortune entière, sept cent mille francs, à la religion.

Une maison de campagne, près Marseille, convient au Sacré-Cœur ; elle valait quatre-vingt mille francs, on la paye cent vingt sans hésiter.

Il me semble que la révolution de 1830, en permettant à la religion de se parer des couleurs du martyre, lui a été fort utile. Elle n’a plus, du moins pour ennemis passionnés, tous les libéraux, elle peut faire en paix le bonheur ou du moins l’occupation de toutes les pauvres vieilles filles non mariées.

Quant aux femmes, pour lesquelles cette éducation religieuse de 1837 réussit complètement, et qu’elle envoie dans la société régner d’un pouvoir absolu et sans appel, les intérêts du couvent deviennent leur unique occupation, leur seule pensée. Les sentiments tendres ne parais-