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la fierté et à l’orgueil. Ils n’ont pas la bonhomie facile du Gael, mais leur caractère est remarquable par une extrême ténacité. Si l’on ne peut pas louer en eux la promptitude et la vivacité de l’esprit, en revanche ils sont pleins d’intelligence, fort réfléchis, et souvent arrivent au génie. Le seul homme mort depuis Napoléon à qui l’on accorde du génie, le célèbre baron Cuvier, avait tous les traits du Kymri ; seulement sa taille, quoique élevée, n’était ni assez haute ni assez élancée.

Chose singulière ! on ne rencontre guère d’homme de l’une ou de l’autre race au caractère physique pur ou à peu près, qui n’en ait aussi le caractère moral. Le Gael représente le Français ; le Kymri l’Anglais et le Breton. Les Kymris occupent le nord de la France, la Normandie surtout, et en Bretagne les côtes du Nord, de Lannilis à Saint-Malo.

La race basque ou Ibère se rencontre dans la partie méridionale de la France, le long des Pyrénées, et s’étendait, du temps de César, jusqu’à la Garonne. Ils occupaient aussi le littoral de la Méditerranée, mais mêlés aux Gaels ; on les appelait alors les Ligures. La même race possédait la plus grande partie de la côte occidentale de la France. L’un de nous, qui a passé six mois à Brest, il y a deux ans, les a reconnus dans