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Languedocien en France, plus de Provençal, plus de Gascon ; on ne trouvera guère que les différences de races, lesquelles dureront plusieurs siècles ; car nous ne verrons plus de conquête, et quelle cause autre que celle-là pourrait renouveler la population d’un village à quarante lieues de Paris ? La vertu nommée discrétion m’ayant obligé à dépayser les anecdotes, elles sembleront, et j’en suis fâché, contrarier la règle des races.

Mais, parmi les différences de façons de penser et d’habitudes sociales, inspirées par les passions, suite des anciens gouvernements des provinces, le type alsacien (amour de l’indépendance de la patrie, haine de l’étranger), et le type breton (dévouement courageux au prêtre), peuvent durer plusieurs siècles encore.

La soirée a fini par une discussion sur les races d’hommes, à propos d’un Dauphinois dont la tête carrée présente à un haut degré de non-mélange tous les caractères d’un Gael ; il s’agit de cette tête ronde et large si fréquente dans les montagnes des Allobroges, et par suite de quoi, peut-être, ils portent tant de constance et de finesse dans l’exécution de leurs desseins. On a quitté tout à coup les propos légers, et, avec un sérieux et une sévérité de discussion bien louables, nous nous sommes