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lonnent, le portent dans sa boutique ; là, dansent autour de lui en réjouissance de sa fortune, et finissent (je ne sais si j’oserai le dire) par le prier d’accepter de chacun un remède d’eau tiède. En partant, ils promettent de recommencer s’il continue à faire le fendant dans la rue. Ce fait est parfaitement vrai ; c’est la plaisanterie du Midi.

Si j’avais quelque anecdote d’amour un peu touchante, comme celle que Bilon vient de raconter, je crois que je ne la placerais pas dans cet ouvrage ; l’amour n’est plus à la mode en France, et les femmes n’obtiennent guère de nos jours qu’une attention de politesse. Tout homme qui se marie autrement que par l’intermédiaire du notaire de sa famille passe pour un sot, ou du moins pour un fou qu’il faut plaindre, et qui pourrait bien vous demander cent louis à emprunter quand il se réveillera de sa folie.

Le premier mérite du petit nombre d’anecdotes qui peuvent faire le saut du manuscrit dans l’imprimé sera donc d’être exactement vraies ; c’est annoncer qu’elles ne seront pas fort piquantes.

Par suite des chemins de fer, des bateaux à vapeur, et surtout de la liberté de la presse qui donne de l’intérêt aux journaux, dans peu d’années il n’y aura plus de