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que, dans la nuit sombre, René cherche à reconnaître si cet homme est de sa connaissance, un second saute du mur dans le jardin, et ensuite un troisième. C’étaient des voleurs qui se mettent à dévaliser un pavillon où madame Saint-Molaret faisait quelquefois de la musique. Il s’y trouvait une pendule, des flambeaux d’argent et quelques meubles.

René se garda bien de troubler les voleurs ; le lendemain on lui aurait dit : « Mais que faisiez-vous là ? »

Le vol de la pendule, arrivée de Paris depuis huit jours seulement, piqua si fort madame Saint-Molaret, qu’elle promit dix louis à un homme de la police de Lyon s’il faisait prendre les voleurs. On les eut bientôt : mais madame Saint-Molaret fut obligée de paraître à la cour d’assises, ce qui ne lui déplut pas. Elle y arriva chargée de tous ses atours ; et son mari étant occupé, elle ne manqua pas de se faire donner le bras par le beau René, partie de ses atours.

Un des voleurs ne manquait pas d’esprit. Piqué d’honneur par la gloire de Lacenaire, alors récente, et voyant que, faute de preuves directes, il ne serait pas condamné, il se mit à entreprendre madame Saint-Molaret en pleine audience, et à la tourner en ridicule. Il fit naître des transports de