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Jules Hardouin-Mansard rétablit la façade de cet hôtel de ville brûlé en 1674 : je voudrais la rétablir de nouveau en copiant la façade d’un des beaux palais de Venise.

Venise est si malheureuse et Lyon si riche, qu’il serait possible d’acheter un palais de Venise, par exemple le palais Vendramin. On numéroterait les pierres de la façade et la navigation les amènerait à Lyon.

Sous le vestibule de cet Hôtel de Ville, et contre le mur à gauche, on voit le Rhône, statue colossale qui s’appuie sur un lion rugissant et sur une rame. Il a l’air furieux : à ses côtés est un énorme saumon. Il n’y a rien à désirer : cela est parfait.

Vis-à-vis la grosse statue du Rhône, est une grosse statue de la Saône, également appuyée sur un lion. Ces deux statues, de Guillaume Coustou, décoraient la place Bellecour et feraient bien d’y retourner. Il faut au sculpteur une science profonde et surtout un caractère hardi, pour faire des statues colossales. Faute de quoi, elles ont l’air d’une miniature vue avec une loupe.

Ce qui fait mon désespoir à Lyon, ce sont ces allées obscures et humides qui servent de passage d’une rue à l’autre. Et quelles rues ! Jamais les maisons à six