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qui se célébraient auprès de cet autel d’Auguste ; et, s’il faut en croire Suétone et Juvénal, il y mit le cachet de sa folie. On distribuait des prix d’éloquence, mais les vaincus étaient obligés de fournir ces prix, et de les présenter au vainqueur. Ils devaient réciter des harangues à la louange de ce vainqueur (quel supplice pour des gens de lettres envieux !) ; mais ce n’était pas là tout le danger à courir : quand les ouvrages paraissaient trop indignes du concours auquel on avait eu l’audace de les présenter, les malheureux auteurs étaient obligés d’effacer leurs productions avec la langue, ou à tout le moins avec une éponge. Ils étaient ensuite fustigés et plongés dans le Rhône.



— Lyon, le 22 mai.

Je traverse tous les jours ce triste Hôtel de Ville de Lyon, bâti en 1650, qui a l’air si sot, si lourd, tellement insignifiant, et n’en est pas moins fort estimé dans le pays. Ne serait-ce pas que cet édifice est vraiment romantique ? N’est-ce pas là, à peu près, la physionomie que doit porter un maire de province, pour être respecté de ses administrés, et ne pas leur sembler une mauvaise tête ?