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— Lyon, le 20 mai.

La promenade sur la montagne de Fourvières est regardée par les Lyonnais dévots comme une sorte de pèlerinage ; à chaque pas en effet ce sont des souvenirs des premiers chrétiens et des premiers martyrs de Lyon[1]. Je vois en passant l’église de Saint-Just, rebâtie en 1703. Dans tout ce quartier, jusqu’à la porte Saint-Irenée, on trouve des bancs et des bornes carrées qui proviennent évidemment de l’ancien Lugdunum ; ce sont des autels, des pierres tumulaires, etc., etc., dont plusieurs ont été repiquées. On se croirait dans une rue de Rome du côté des Sept salles. J’ai remarqué dans la rue des Anges une inscription latine dont voici la traduction : « Aux mânes de Camilla Augustilla qui a vécu trente-cinq ans et cinq jours, et de laquelle aucun des siens n’a jamais reçu de peine, si ce n’est par sa mort. Silenius Reginus, son frère, à sa sœur très chérie, etc., » Saint Irenée, évêque et même écrivain célèbre[2], souffrit

  1. Voir l’Histoire de Lyon, par le P. Colonia. On trouve dans cet ouvrage les gravures de tous les monuments curieux. Voir la carte publiée par M. Artaud. Les caves de Fourvières sont remplies de substructions romaines.
  2. M. Ampère explique fort bien tous les écrivains de ces premiers siècles. Là commence notre littérature.