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— Je dirais, dans mon système, que le chœur est gothique et postérieur à l’an 1200.

— C’est sur quoi nous allons disputer fort et ferme, reprend M. de M. en souriant, mais en attendant, pour achever ma description, je vous dirai, monsieur, que le portail est une abomination du dix-huitième siècle.

La discussion a été longue et intéressante. Quand nous nous sommes dit à peu près tout ce que nous savons l’un et l’autre sur les architectures antérieures à la renaissance de 1500, j’entrevois de loin la triste politique, et, prenant congé de cet homme poli, je descends dans la chambre. Je lis avec délices en glissant au milieu des prairies, sur cette belle rivière, vingt pages de mon Shakspeare. Il y a des coteaux charmants : ce pays est d’une beauté douce et tendre qui épanouit le cœur. Depuis Paris c’est le premier qui mérite d’être regardé. De grandes filles de dix-huit ans viennent faire la roue sur le rivage.

En passant devant Mâcon, on a raconté à haute voix, sur le bateau, l’aventure de la maîtresse de l’auberge du Bœuf sauvage (cet incendie qui brûlait une chambre dans laquelle n’était plus le jeune voyageur). Ensuite est venu le