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sives ; le vin de 1830, par exemple, peut être inférieur au vin de 1829 à l’âge de trois ans, c’est-à-dire goûté en 1833, et lui être supérieur en 1836, lorsqu’il est parvenu à sa sixième année.

À la fin de la séance, qui a duré plus de deux heures, je commençais réellement à entrevoir les différences de certaines qualités. Tout le monde connaît le vin de la comète, qui annonça la chute de Napoléon en 1811 ; il y a ainsi tous les cinq ou six ans une année supérieure.

En général, les vins de ce pays se boivent en Belgique. Le propriétaire du Clos-Vougeot peut tromper ses chalands ; il n’aurait qu’à faire répandre sur sa vigne du fumier de cheval, elle produirait beaucoup plus, mais le vin serait d’une qualité inférieure. Une bouteille du Clos-Vougeot, qui se vend dix francs à Paris chez les restaurateurs, ne se vend pas, mais s’obtient sur les lieux, par insigne faveur, au prix de quinze francs. Mais, il faut l’avouer, rien ne lui est comparable. Ce vin n’est pas fort agréable la première et souvent la seconde année ; aussi les propriétaires ont-ils toujours une réserve de cent mille bouteilles.

La poésie, avec ses exagérations aimables, s’est emparée de ce sujet si cher aux Bourguignons ; et ce soir, dans