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de contributions ordinaires, » et qui lui ont donné le moyen d’acheter à Rome tous les citoyens qui étaient à vendre, c’est-à-dire l’immense majorité.

En moins de six ans que dura cette guerre, César prit d’assaut ou réduisit plus de huit cents villes ; il soumit trois cents nations ; il défit en différents combats trois millions d’ennemis ; un tiers de ces ennemis fut tué sur le champ de bataille, et un autre tiers réduit en esclavage.

« Si la gloire de César, dit Napoléon, n’était fondée que sur la guerre des Gaules, elle serait problématique. »

Les Gaulois étaient pleins de feu et montraient une bravoure étonnante ; mais divisés en un grand nombre de nations, ils se détestaient entre eux. Une ville faisait fort souvent la guerre à la ville voisine, uniquement par jalousie. Vifs et emportés, amoureux du danger, rarement ils écoutaient la voix de la prudence.

Leur ignorance de toute discipline, leurs divisions, leur mépris pour la science militaire, l’infériorité de leurs moyens d’attaque et de défense, leur habitude de ne jamais profiter d’une victoire, les rivalités de leurs chefs aussi emportés que vaillants, devaient les livrer successivement à un ennemi aussi brave qu’eux, et en même temps plus habile et plus persévérant.