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églises gothiques, s’est épanoui. Au lieu du souvenir de miracles absurdes et souvent dégradants pour l’Être suprême qu’on prétend honorer, au lieu de têtes de diables mordant des damnés, sculptées aux chapiteaux des colonnes et dans tous les coins des églises chrétiennes, je me suis rappelé le peuple-roi et ses victoires, c’est-à-dire tout ce qu’il y a de plus imposant parmi les hommes. On me rabaissait l’idée de Dieu par l’image saugrenue de toutes les sottises qu’il a permis de faire en son nom ; on relève à mes yeux l’idée de l’homme[1]. L’entablement qui couronne les quatre arcades du bas est de la plus haute majesté ; il m’a reporté dans Rome.

La solidité de la construction est bien d’accord avec l’admirable majesté de l’architecture : les pierres ne sont liées par aucun ciment ; les joints ne sont que des traits où il est impossible de faire pénétrer la lame d’un couteau. C’est probablement à cette extrême solidité que ce monument doit d’avoir pu braver la fureur destructive des Huns, des Normands et de tant d’autres Barbares.

Les six arcades supérieures portent à faux,

  1. Je suppose que le lecteur s’appelle Darville et soit extrêmement puissant, que dirait-il s’il apprenait qu’à Lyon il y a un homme qui se prétend Darville, et qui, sous son nom, se permet les plus étranges friponneries, par exemple, faire brûler des innocents, etc., etc. ?