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« Mon cher homme, disait Marie Ganthier (c’est une femme du peuple qui écrit), je ne puis rester comme je suis, car je suis la femme la plus malheureuse du monde depuis qu’il m’a dit que c’était toi qui l’avais assassiné. Il m’a dit qu’il voulait te faire prendre… Et depuis ce temps-là je ne peux pas me reconsoler ; et si tu veux finir tes jours avec ta femme, il faut que tu me dises la réponse de suite par la Marie. Ne crains rien de la Marie ; elle aura du secret pour nous, et je la récompenserai de quelque chose ; et tu me marqueras comme il faudra nous y prendre pour nous ôter la vie. Mon cher bonheur, n’oublie pas ta femme pour ça ; car le plus tôt sera le meilleur. »

Cette lettre ne fut pas remise à son adresse. Seulement la Marie dit à Marandon, de la part de madame Ganthier, que le mari savait tout et l’avait reconnu. « Je suis un homme perdu, » s’écria-t-il.

Marie Ganthier, étonnée de ne pas recevoir de réponse, écrivit une seconde lettre qui parvint à Marandon. Celui-ci en avait une toute prête qu’il donna en échange.

« Je te dirai, écrivait-il, que tu dois bien te reconsoler pour la chose qui te