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qu’il a vu. Grand embarras de ces pauvres gens. La fille du malade, de chez laquelle ils sortent, est une maîtresse femme, fort considérée dans la ville. Il faudrait remonter ; mais comment articuler le pourquoi de cette rentrée ?

— Mais, cher collègue, disait le second notaire à M. Blanc, quel rapport ces jambes de paysan ont-elles avec notre acte en bonne forme ?

Les notaires étaient honnêtes gens sans doute, mais ils avaient une peur horrible d’offenser la fille du moribond, nièce du curé et présidente de deux ou trois sociétés de bonnes œuvres.

Après un colloque rempli d’angoisses, ils se résolvent cependant à remonter[1]. On les reçoit avec un étonnement marqué, qui augmente leur embarras. Ils ne savent trop comment expliquer leur retour, et enfin le second notaire demande des nouvelles du malade. On conduit ces messieurs à la porte de la chambre. On leur fait voir les rideaux fermés. Le malade s’est trouvé fatigué après avoir fait son testament. On leur donne beaucoup de détails sur les symptômes du mal depuis le milieu de la nuit qu’il a redoublé, et, ce disant,

  1. L’exemplaire Primoli propose cette correction : « Après un colloque rempli d’angoisse, le remords qui les presse les oblige cependant à remonter. » N. D. L. É.