sente, lui, avec la machine anglaise dont il est armé, sans que jamais la douane française songe à le frapper d’aucun droit d’entrée ; elle réserve toutes ses rigueurs pour les navires français qui sont dans les mêmes conditions d’armement. Aussi, depuis vingt ans, les Anglais font presque seuls le service de toute la navigation à vapeur entre la France et l’étranger. Ils ont les plus grandes facilités pour venir sur nos côtes déposer et prendre toutes les marchandises et tous les passagers qui ont à se déplacer ; une part dans ce continuel mouvement qui s’opère ne peut leur être disputée par nos navires, grâce à la singulière partialité de nos douanes.
Si le lecteur veut prendre quelque idée de l’accès de colère ridicule dans lequel M. Pitt jeta la nation anglaise quand la France voulut essayer d’être libre, il peut jeter les yeux sur les chiffres suivants.
FRAIS | HOMMES TUÉS | ||
— | — | ||
1° | Guerre terminée en 1697 | l. s. 21,500,000 | 100,000 |
Morts par la famine | 80,000 | ||
2° | Guerre commencée en 1702 | 43,000,000 | 250,000 |
3° | Guerre commencée en 1739 | 48,000,000 | 240,000 |
4° | Guerre commencée en 1756 | 111,000,000 | 250,000 |
5° | La guerre d’Amérique en 1775 | 139,000,000 | 200,000 |
6° | La guerre avec la France en 1793 | 1,100,000,000 | 200,00 |
La dette de l’Angleterre, à la fin de cette dernière guerre, se montait à 1 milliard 50 millions sterling (plus de 25 milliards de francs).
Faute d’une banqueroute qui aurait réparé les suites de la criante duperie dans laquelle M. Pitt fit tomber les Anglais, la décadence de l’Angleterre commence sous nos yeux. Elle ne peut rien faire contre la Russie qui menace ouvertement ses établissements des Indes. Ces établissements rendent fort peu d’argent au gouvernement anglais, mais lui donnent la vie.