guliers, ses yeux noirs et pleins de vivacité annoncent de l’intelligence et de la finesse. Les anneaux de son épaisse chevelure couvrent ses épaules, suivant la mode bretonne.
« M. Le Président : Accusé, où demeuriez-vous quand vous avez été arrêté ?
« Yves Pennec : Dans la commune d’Ergué-Gobéric.
« D. Quelle était votre profession ? — R. Valet de ferme : mais j’avais quitté ce métier ; je me disposais à entrer au service militaire.
« D. N’avez-vous pas été au service de Leberre ? — R. Oui.
« D. Eh bien ! depuis que vous avez quitté sa maison, on lui a volé une forte somme d’argent. Le voleur devait nécessairement bien connaître les habitudes des époux Leberre ; leurs soupçons se portent sur vous. — R. Ils se sont portés sur bien d’autres ; mais je n’ai rien volé chez eux.
« D. Cependant, depuis cette époque, vous êtes mis comme un des plus cossus du village ; vous ne travaillez pas ; vous fréquentez les cabarets ; vous jouez ; vous perdez beaucoup d’argent, et l’argent employé à toutes ces dépenses ne vient sans doute pas de vos économies comme simple valet de ferme ? — R. C’est vrai, j’aime le jeu pour le plaisir qu’il me rapporte ; j’y gagne quelquefois ; j’y perds plus souvent, mais de petites sommes ; et puis j’ai des ressources. Quant aux beaux vêtements dont vous parlez, j’en avais une grande partie avant le vol, entre autres ce beau chupen que voilà.
« D. Mais quelles étaient donc vos ressources ?
« Pennec, après s’être recueilli un instant et avec un air de profonde bonne foi : « J’ai trouvé un trésor, voilà de cela trois ans. C’était un soir ; je dormais : une voix vint tout à coup frapper à mon chevet : « Pennec, me dit-elle, réveille-toi. » J’avais peur, et je me cachai sous ma couverture : elle m’appela de nouveau ; je ne voulus pas répondre. Le lendemain, je dormais encore ; la voix revint, et me dit de n’avoir pas peur : « Qui êtes-vous ? lui dis-je ? êtes-vous le démon ou Notre-Dame-de-