Page:Stendhal - Mémoires d’un Touriste, II, Lévy, 1854.djvu/248

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
242
ŒUVRES DE STENDHAL.

dinairement sous le chœur il se trouvait un caveau ou crypte, où reposait le corps de quelque saint quand on en avait.

Avec le temps le chœur s’agrandit ; alors l’extrémité de l’église la plus éloignée de la porte, le fond du demi-cercle fut occupé par la chapelle de la Vierge, et le grand autel se rapprocha de la porte. Je passe sur plusieurs détails qui, placés ici, compliqueraient les idées simples et générales que je transcris en faveur du lecteur.

La sculpture prête son langage à toutes les parties des églises. Au-dessus de la porte principale, on voit le Christ entouré des apôtres ; au-dessus des portes latérales, le Jugement dernier, les Vierges sages et les Vierges folles, la Nativité, etc.

Souvent, parmi les ornements sculptés qui surchargent toutes les parties d’une église, on en remarque de ridicules, même d’obscènes ; on ne les trouvait pas tels au onzième siècle. Les convenances ont fait des progrès ; de là notre ennui.

En général, les sculpteurs sont fidèles au grand but de la religion : faire peur aux barbares avec l’idée de l’enfer. Ce sont donc les supplices réservés aux damnés qui font le sujet principal de leurs travaux. On trouve les images de beaucoup d’animaux que les croisés avaient vus dans l’Orient. À Saint-Sauveur de Nevers, on voit des éléphants et des dromadaires.

Il est curieux d’observer les chapiteaux des colonnes ; on les appelle historiés quand ils sont ornés de bas-reliefs représentant des êtres animés.

Dans le centre et le midi de la France, tous les chapiteaux sont historiés. En Alsace et vers l’est, les chapiteaux historiés font exception. On observe d’autres chapiteaux ornés de feuilles fantastiques ; c’est une imitation du chapiteau corinthien.

On ne connaît qu’un seul genre de chapiteau qui soit tout à fait propre au moyen âge : c’est le chapiteau cubique de Sainte-Marie-du-Capitole à Cologne ; il fut à la mode sur les bords du Rhin.

Vers la fin du douzième siècle (remarquez cette date qui peut être utile à la vanité), la mode du chapiteau à feuillage fantas-