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MÉMOIRES D’UN TOURISTE.

sion ; mais ils demandent deux cents francs par an, tant que la machine existera, et l’on se hâte d’accéder à cette exigence.

Mon Anglais continua : Il faut abandonner, dit-il, le Paris actuel ; il y a là, comme vous dites en France, trop de droits acquis, et acquis est bien le mot. Je voudrais une loi portant qu’il faudra obtenir l’autorisation par une loi pour établir des machines à vapeur au nord du boulevard et au couchant de la rue du faubourg Montmartre. Le Paris de 1900 sera probablement vers Mousseaux, et que d’injures les journaux de ce temps-là n’adresseront-ils pas à l’imbécillité des administrateurs de 1837, qui n’eurent pas l’esprit d’acheter d’avance quelque terrain vers Mousseaux ou Tivoli, pour servir de places et de jardins publics au nouveau Paris !

Vous savez que fort souvent, à Londres, nous avons un brouillard épais et fétide, tandis qu’à deux lieues de la ville on jouit d’un soleil passable ; voilà le sort qui attend votre joli Paris, si vous ne modifiez au plus tôt la loi qui permet d’empuantir le boulevard par une machine à vapeur, en graissant la patte à qui de droit. Vous me direz que j’ai trop mauvaise opinion des chefs de bureaux ; voyez la largeur donnée à la rue Godot-de-Mauroy, et là il n’y avait pas de prétexte, on taillait en plein drap. Faites-donc une loi d’après laquelle on ne pourra établir aucune rue de moins de trente-six pieds de large au nord du boulevard et de la rue du Faubourg-Saint-Honoré, et à l’ouest de la rue qui va à la barrière Blanche. Exhortez les vénérables têtes à perruque qui dépensent le budget de Paris à acheter le jardin de madame la comtesse de Rumfort et quelques autres, et déclarez qu’il faudra une loi pour bâtir sur ces terrains achetés.


— Genève, le… 1837

J’ai fait mes adieux à Genève. Combien j’aimerais à passer huit jours à Vevey ! Je louerais une chambre sur la montagne, à une grande lieue de la ville. Je suis touché, à ce voyage-ci, de