Page:Stendhal - Mémoires d’un Touriste, II, Lévy, 1854.djvu/140

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
134
ŒUVRES DE STENDHAL.


— Grenoble, le 16 août.

Mon métier va me conduire à Allevard et aux mines d’Allémont. On peut faire de Grenoble cinq courses curieuses :

1° La grande Chartreuse,

2° Allevard,

3° Le bourg d’Oysans,

4° et 5° Le jour même de l’arrivée, je conseille d’aller le matin aux cuves de Sassenage, et le soir à Montfleury, et au château de Bouquéron, à une petite demi-lieue de la ville.


— Grenoble, le 18 août, à onze heures du soir.

J’arrive horriblement fatigué ; j’ai mis six heures pour grimper à Allevard. On remonte la rive gauche de l’Isère, puis on se lance à droite dans la montagne, en suivant une gorge bien autrement grandiose que tout ce que nous voyons à cinquante lieues de Paris. À tous les quarts de lieue, on ressent la tentation de s’arrêter une heure. À Allevard ou fabrique de la fonte avec du minerai tiré sur les lieux et du charbon de bois ; on ne fait ni fer ni acier ; le fermier paye 45,000 francs au propriétaire.

Cette fonte se vend 1° à la marine, pour la fonderie des canons de Saint-Gervais, sur la rive gauche de l’Isère, un peu au delà de Tullins (qui est sur la rive droite) ; 2° cette fonte se vend à Rives pour faire de l’acier.

D’Allevard, en passant par le haut-fourneau de Pinsot, et s’avançant dans la direction du bourg d’Oysans, on arrive au lieu célèbre nommé les Sept-Lacs. Ce sont en effet sept lacs bordés par des glaciers, et qui fournissent d’excellentes truites. Le plus grand de ces lacs peut avoir cinq cents toises de diamètre.

D’Allevard aux sept lacs, on prend un mulet ; il y a quatre heures de marche, mais souvent il faut aller à pied. Je n’ai pas eu le courage d’entreprendre cette seconde course. Tout Allevard est encore rempli du souvenir d’un homme aimable, M. D. B.,