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ŒUVRES DE STENDHAL.

triomphe, bâti probablement du temps de Marc-Aurèle, est admirablement placé ; il s’élève dans la plaine poudreuse, à cinq cents pas des dernières maisons du côté de Lyon ; son aspect jaune orange se détache de la façon la plus harmonieuse sur l’azur foncé du ciel de Provence. Cet arc vénérable a soixante-six pieds de largeur et soixante de haut ; il a trois arcades, celle du milieu, comme de juste, plus large et plus élevée que les autres.

La face septentrionale (du côté de Lyon) était peut-être la principale, puisqu’elle servait d’entrée dans la ville ; elle n’a plus que trois colonnes corinthiennes et la base de la quatrième.

Le bas-relief de l’attique représente un combat très-animé de fantassins et de cavaliers ; mais je n’ai pu distinguer à quelles nations appartiennent les combattants. À la gauche de ce bas-relief on voit des instruments de sacrifice. Les trophées qui sont plus bas, des deux côtés du fronton, se composent presque entièrement de proues de navires, d’ancres, de rames, de tridents et d’autres attributs maritimes fort bien groupés. Les trophées qu’on voit au-dessus des petites arcades présentent des armes offensives et défensives, mais qui n’ont aucun rapport avec la marine ; on lit quatre mots ou fragments de mots en diverses parties de ces trophées.

La face méridionale de cet arc de triomphe a été fort maltraitée ; le vent de mer a rongé la pierre, et les bas-reliefs sont beaucoup plus dégradés que ceux du nord. Le sujet du grand bas-relief de l’attique est de même un combat de fantassins et de cavaliers. Il n’y a plus que deux colonnes de ce côté, mais on lit fort distinctement sur des boucliers les mots suivants : Sacrovir, Mario, Dacvno, Vdilles. Sur cette face, à droite du grand bas-relief de l’attique, on voit le buste d’une femme qui met le doigt dans son oreille. On l’appelle, dans le pays, la Sibylle de Marius.

Les deux petits côtés de cet arc de triomphe sont ou plutôt étaient fort riches. La face qui regarde l’orient est encore décorée