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MÉMOIRES D’UN TOURISTE.

portiques, d’un premier étage qui a soixante arcades, et d’un attique qui se termine à vingt-un mètres et demi de terre. Il y avait quatre portes principales : au-dessus de celle du nord sont deux têtes de taureau en saillie. Tout le monument est d’un toscan irrégulier approchant du dorique. L’intérieur offrait trente-quatre rangs de gradins ; dix-sept subsistent encore plus ou moins dégradés. Cet amphithéâtre pouvait contenir vingts deux mille spectateurs. Au reste, tous ces nombres exacts sont faits pour arrêter l’imagination. Cherchez une estampe, rien ne peut être plus digne de la curiosité du voyageur que les superbes planches de M. GClérisseau.

Les Arènes, débarrassées par M. Duterrage de toutes les masures qui les encombraient, occupent maintenant le centre d’une vaste place, et d’un seul coup d’œil on peut en embrasser l’ensemble. Ce monument me semble bas, comparé au Colisée de Rome ; toutefois l’enceinte extérieure des Arènes de Nîmes est presque intacte, et leur couronnement n’a que peu souffert. On y voit encore la plupart de ces pierres percées destinées à fixer les mâts qui soutenaient eux-mêmes les toiles au moyen desquelles les spectateurs étaient mis à l’abri du soleil. Lorsqu’on arrive aux détails de l’architecture, on trouve à l’amphithéâtre de Nîmes beaucoup de défauts qu’on n’observe pas dans celui d’Arles.

Les moulures des Arènes ne sont terminées que dans la partie qui regarde le couchant. On trouve un assez grand nombre de phallus sculptés sur des clefs de voûte. Une des portes est surmontée de deux taureaux représentés à mi-corps, et avec une forte saillie ; on peut présumer que toutes les portes étaient décorées de la même façon. C’est peut-être une flatterie pour Auguste ; Suétone raconte que ce prince naquit dans une maison dont la façade était ornée de têtes de taureaux.

Plusieurs des grandes pierres qui servaient de sièges sont divisées par des raies qui indiquent l’espace attribué à chaque spectateur. Mais ces sortes de détails, qui, observés sur place,