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naïf, vrai. Cet Allemand a vu Raphaël ou ses élèves : je ne puis croire qu’il ait deviné ce style.

No 14. Éruption du Vésuve, par je ne sais quel Italien du dix-huitième siècle. Cela est peint comme une décoration de théâtre ; aussi y a-t-il de l’effet, cette ressource des ignorants : effet de mélodrame.

No 15. Élisabeth, reine d’Angleterre ; excellent portrait flamand. Expression de physionomie fine, aigre, méchante ; lèvres pincées, nez pointu. Femme non mariée, et parlant de sa vertu. Sa façon de jouer avec sa chaîne d’or est admirable. Je voudrais pour beaucoup que ce portrait fût reconnu ressemblant. Il représente admirablement cette reine, qui battait ses ministres lorsqu’elle était contrariée dans ses desseins. Mais qu’importent ses faiblesses ? Elle sut régner.

No 16. Portrait de femme assez laide, extrêmement loué par M. E…, dit mon interlocuteur. C’est un tableau espagnol, peut-être de Murillo. M. E… aura voulu faire la cour à ce brave homme ; et, comme on est accoutumé en France à la laideur des lignes, à la fausseté de la couleur, et à l’absurdité ou à l’absence du clair-obscur, ce portrait de femme passera bientôt pour un chef-d’œuvre à Nantes.

No 17. Vieillard jouant de la vielle. Ignoble et effroyable vérité ; tableau espagnol attribué à Murillo. Il n’est pas sans mérite. Coloris sage, expression vraie. Il provient du musée Napoléon. Peut-être est-il de Vélasquez, qui, à son début, s’essaya dans des sujets vulgaires.

No 18. Belle copie en marbre du vase de Warwick.

No 19. L’Éducation de la Vierge, par Krayer.

No 20. Jeune fille qui va se faire religieuse. La beauté du sujet soutient le peintre. Elle est vêtue de bleu ; elle a quatorze ans ; elle est maladive, languissante, exaltée. Figure à la sainte Thérèse. « Attribué à un peintre italien ou à un Espagnol, dit l’homme sec, qui, après ce tableau, nous a délivrés de son esprit. »