probation le 22 ! Mais j’ai deux cents lettres de vous relatives à tout autant d’adjudications qui de mon temps ont été faites en ce pays, et jamais vous ne les soumettez à l’approbation qu’après huit ou dix jours.
— Si vous voulez avoir la bonté de passer demain à la préfecture sur les dix heures, répond M. Volf, nous appellerons M. Limon, et sans doute tout vous paraîtra clair comme eau de roche.
Le lendemain, à dix heures, M. Ragois était à la préfecture avec toutes les lettres qu’il pouvait être utile de voir pour éclaircir l’affaire.
— Quoi ! dit-il à M. Limon, vous écrivez le 15 à M. Wambrée que vous attendrez un rapport de lui avant de soumettre l’adjudication de Givry à l’approbation du directeur général, et dès le 14 vous aviez écrit à la capitale !
— Eh bien ! monsieur, c’est un oubli, reprend M. Limon en ricanant. Et vous, monsieur l’ingénieur en chef, qui êtes homme de bureau, ne vous arrive-t-il jamais d’avoir une distraction ? Eh bien ! moi, je l’avoue franchement, j’avais oublié le 15 ce que j’avais écrit le 14. Que voulez-vous, l’adjudication de Givry tiendra.
— Je ne crois pas, répond froidement M. Ragois. Et, sans ajouter un mot, il plante là le préfet provisoire et son chef de bureau.
Il se hâte d’écrire à M. le directeur général. La première adjudication est cassée, et, dans une seconde, on obtient un rabais de sept mille francs, c’est-à-dire de dix pour cent, sur la mise à prix de soixante-dix mille francs.
La liberté de la presse ne peut servir à réprimer les abus de cette espèce ; le récit de la chose est trop ennuyeux, comme on vient de le voir. Dans ces sortes d’histoires, l’exposition, cette partie si nécessaire du drame, est trop difficile, et d’ailleurs le journaliste ne comprend pas le mécanisme de ces sortes d’af-