Page:Stendhal - Mémoires d’un Touriste, I, Lévy, 1854.djvu/242

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

homme, même les petits jeunes gens qui débutent. Telle a été ma soirée ; pas la moindre petite anecdote plaisante.

J’abhorre d’être cru sur parole, croire ainsi est une habitude surannée que je ne voudrais pas contribuer à donner au lecteur. Je parle si souvent (et trop souvent) du genre d’esprit de la province, du ton provincial, qui, à trente lieues de Paris, recouvre tout, pénètre partout et affadit tout, que je songeais à évoquer le génie dramatique et à composer une scène en langage provincial.

Mais on aurait pu me dire comme à M. l’abbé F… quand il établissait des dialogues à Saint-Sulpice entre lui et l’infâme Raynal ou le libertin Diderot : Vous les faites trop plats.

Voici un récit textuellement copié du supplément au Constitutionnel du 19 novembre 1837.

Si le lecteur trouve l’exemple un peu long, qu’il daigne songer que, pour avoir l’honneur d’être critiqué par lui, je me suis exposé à ce genre d’esprit deux mois de plus qu’il n’était nécessaire pour mes affaires.

ÉPISODES DE LA VIE D’ATHANASE AUGER
PUBLIÉS PAR SA NIÈCE.

LE COMTE DE NOÉ, ÉVÊQUE DE LESCARS, ET SON GRAND VICAIRE.

La plus aimable intimité et la plus franche amitié unissaient ces deux grands hommes, qui vivaient en l’année 1791 ; année où des troubles multipliés et de différents partis avaient déjà l’air de porter atteinte aux prérogatives royales de la dynastie capétienne ; mais les sciences et les arts fleurissaient, et les nombreux gens de lettres poursuivaient leurs travaux et leurs succès sous le patronage d’un prince éclairé qui les protégeait efficacement et ouvertement.