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DES FEMMES FRANÇAISES 25 de parler et d’agir beaucoup. Avec une bonne déclamation (et je 1'ai quand je suis de sang-froid) une sottise est déli- cieuse « Il a tant d’esprit que je ne le comprends pas. » - Je puis appliquer à l’art d’avoir une femme tout ce que je sais de l’art de gagner une bataille, et de prendre une ville. Un des premiers principes de cet art est de ne jamais manquer à l’occasion ; et pour l’homme adroit, courageux et de sang-froid, il s’en offre à chaque pas. Les cinq ou six affaires qui précédèrent le 6 fructidor an X m’ont à jamais prouvé cette vérité1. Dans les affaires désespérées le strata- gème de Percheron, mais c’est un plaisir de plus de n’en employer aucun. Le sûr moyen de n’être qu’un sot est de perdre le sang-froid. On le perd, dès qu’on se prépare à quelque chose en allant chez une femme. Là, comme ailleurs, décré- ter le principe, et s’abandonner à son génie. Là, comme ailleurs, tout yeux et tout oreilles. Cela n’est difficile que dans les commencements ce n’est plus qu’un badinage pour moi.

1. M .Paul Arbelet fait remarquer que les cinq ou six affaires auxquelles Stendhal fait ici allusion sont probable- ment des escarmouches au cours de son amourette avec la Jeune Adèle,Cf.Journal.N. D. L. E.