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NOTE RELATIVE À LA PAGE 334.

Peut-être me reprochera-t-on de n’avoir pas cité plus souvent les propres paroles du Producteur ; si l’on veut bien lire l’exposé suivant, l’on concevra pourquoi.

« Le journal que nous annonçons a pour but de développer et de répandre les principes d’une philosophie nouvelle. Cette philosophie, basée sur une nouvelle conception de la nature humaine, reconnaît que la destination de l’espèce sur ce globe est d’exploiter et de modifier à son plus grand avantage la nature extérieure ; que ses moyens pour arriver à ce but correspondent aux trois ordres de facultés, physiques, intellectuelles et morales, qui constituent l’homme ; enfin, que ses travaux, dans cette direction, suivent une progression toujours croissante, parce que chaque génération vient ajouter ses richesses matérielles à celles des générations passées, parce qu’une connaissance de plus en plus étendue, certaine et positive des lois naturelles, lui permet d’étendre et de rectifier sans cesse son action ; parce que des notions toujours plus exactes de sa destination et de ses forces la conduisent à améliorer incessamment l’association, l’un de ses moyens les plus puissants.

« Considérée de ce point de vue, la vie de chaque individu se compose de deux séries d’actions, dont les unes n’ont pour but que l’existence de l’individu même, tandis que les autres ont, de plus, pour résultat le développement de l’action progressive de l’espèce, et concourent ainsi à l’accomplissement de sa destination ; d’où la distinction de l’intérêt commun et de l’intérêt privé, base de toute morale.

C’est d’une heureuse harmonie entre ces deux ordres de faits que dépendent les progrès et la prospérité des nations et des individus. La combinaison sociale dans laquelle toutes les jouissances, la satisfaction de tous les besoins de l’individu, seraient aussi des