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Leuwen s’il pouvait parler devant ce secrétaire.

— Certainement, monsieur le préfet. M. Coffe travaille dans le bureau particulier du ministre, et a pour les élections toute la confiance de Son Excellence.

Au retour de Coffe, M. de Riquebourg se crut obligé de reprendre toutes les considérations qu’il avait déjà exposées à Leuwen, en y ajoutant les noms propres. Mais ces noms, tous également inconnus pour les deux voyageurs, ne faisaient qu’embrouiller à leurs yeux le système d’influence que M. le préfet se proposait d’exercer. Coffe, fort contrarié de ne pouvoir dormir, voulut du moins travailler sérieusement, et avec l’autorisation de M. le maître des requêtes, comme il eut soin de l’exprimer, se mit à presser de questions M. de Riquebourg.

Ce bon préfet, si moral et si soigneux de ne pas se préparer des remords, articula enfin que le département était fort mal disposé, parce que huit pairs de France, dont deux étaient grands propriétaires, avaient fait nommer un nombre considérable de petits fonctionnaires et les couvraient de leur protection.

— Ces gens-là, messieurs, reçoivent mes circulaires, et me répondent des calembredaines. Si vous fussiez arrivés quinze