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qui n’aurait peut-être pas la même vénération pour l’honneur de mon père. Je ne vous demande qu’une chose : donnez un intérêt à M. Coffe.

— Je vous répondrai avec franchise. Travailler avec Monsieur Coffe m’ôte tout appétit à dîner. C’est un parfait honnête homme, mais sa vue me cire[1]. Mais il ne sera pas dit que la maison Reffre et Gavardin refuse une proposition faite par un Leuwen. Notre prix d’achat pour la cession complète sera 100.000 francs comptant, 1.200 francs de pension viagère pour madame, autant pour vous, monsieur, tout le mobilier, vaisselle, chevaux, voiture, etc., sauf un portrait de notre sieur Leuwen et un autre de notre sieur Van Peters, à votre choix. Tout cela est porté dans le projet d’acte que voici, et sur lequel je vous engage à consulter un homme que tout Paris vénère et que le commerce ne doit nommer qu’avec vénération : Monsieur Laffitte. Je vais y ajouter, dit Monsieur Reffre en s’approchant de la table, une pension viagère de 600 francs pour Monsieur Coffe. »

Toute l’affaire fut traitée avec cette rondeur. Leuwen consulta les amis de son père, dont plusieurs, poussés à bout, le blâmèrent de ne pas faire banqueroute

  1. Me porte malheur.