Page:Stendhal - Lucien Leuwen, III, 1929, éd. Martineau.djvu/336

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


CHAPITRE LXIV[1]


M. Leuwen est un père passionné. Son principal motif, sa grande inquiétude dans toute cette affaire, c’est le goût que M. Lucien Leuwen montre pour mademoiselle Raimonde, de l’Opéra.

— Ma foi, tel père, tel fils !

— C’est ce que j’ai pensé, dit madame Grandet en riant. Il faut vous charger de ce sujet-là, ajouta-t-elle d’un air plus sérieux, ou bien vous n’aurez pas la voix de M. Leuwen.

— C’est une belle voix que vous me promettez là.

— Je sais que vous avez de l’esprit ; mais tant que cette petite voix se fera écouter, tant que ses sarcasmes seront de mode à la Chambre, on prétend qu’il peut défaire les ministères et l’on ne se hasardera pas à en composer un sans lui.

— C’est plaisant ! Un banquier à demi-hollandais, connu par ses campagnes à l’Opéra, et qui n’a pas voulu être capitaine

  1. Scène avec le mari.