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d’actions nécessaires, indispensables même, j’en conviens, auxquelles, pour rien au monde, je ne voudrais m’astreindre. Les arrêts des tribunaux doivent être exécutés, mais pour rien au monde je ne voudrais me charger de ce soin.

M. des Ramiers rougit beaucoup, et comprit enfin qu’il fallait se retirer.

« M. Tourte sera destitué, mais j’ai appelé bourreau ce nouveau Fénelon. »

Moins de quatre jours après, [il] trouva dans le portefeuille de la première division une grande lettre du ministre de l’Intérieur au ministre des Finances pour ordonner au directeur des Impositions indirectes de proposer la destitution de M. Tourte. Lucien appela un commis extrêmement adroit pour gratter et fit mettre partout Tarte au lieu de Tourte.

Il fallut quinze jours de démarches à M. des Ramiers pour trouver la cause qui arrêtait la destitution. Pendant ce temps, Leuwen avait trouvé l’occasion de raconter toute la scène renouvelée du Tartuffe que M. des Ramiers était venu faire dans son bureau. La bonne madame de Vaize ne voyait le mal que lorsqu’il était bien clairement expliqué et prouvé. Elle reparla sept à huit fois à Lucien du pauvre commis Tourte, dont le nom l’avait frappée, et deux ou trois fois elle oublia d’inviter