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avec sa morale si douce, Lucien le renvoya au ministre et essaya de lui faire entendre que la présente conversation devait avoir un terme. Alors, M. des Ramiers insista et Lucien, ennuyé de la figure doucereuse de ce coquin, se trouva très disposé à le traiter durement.

— Mais ne pourriez-vous pas, monsieur, avoir l’extrême bonté d’exposer vous-même à Son Excellence la cruelle nécessité où je me trouve ? Mes mandataires me reprochent sérieusement d’être infidèle aux promesses que je leur ai faites. Mais d’un autre côté, réclamer moi-même auprès de Son Excellence la destitution d’un père de famille !… Cependant, j’ai des devoirs à remplir envers ma propre famille. La confiance du gouvernement pourrait m’appeler à la Cour des Comptes, par exemple, en ce cas il faudrait une réélection. Et comment me présenter devant mes mandataires étonnés si la conduite de M. Tourte n’a pas reçu une marque éclatante de désapprobation ?

— Je conçois : la majorité ayant été de deux voix, la moindre prépondérance acquise par le parti contraire peut être funeste à la future députation. Mais, monsieur, je ne me mêle d’élections que le moins possible. Je vous avouerai que je vois dans le mécanisme social beaucoup